Le privilège de l’âge semble, entre autres, être la capacité à prendre du recul, à mieux se connaître, à mieux gérer ses émotions et finalement à mieux gérer certaines peurs. Il y a cependant un bug dans la matrice, car nous n’avons pas peur des mêmes choses à 20 ou à 50 ans. Résultat des courses, la peur est toujours là, elle a juste changé de forme et de sujet.
On pourrait estimer que ce sentiment, aussi désagréable soit-il, fonctionne comme le révélateur d’une situation qui devrait nous alerter et nous rendre particulièrement attentifs, comme la fièvre pour un virus par exemple. Une sorte de « warning » nous indiquant qu’il se passe quelque chose d’anormal. On se dit quand même qu’avec un peu de bouteille et, il est vrai, malheureusement quelques rides, le concept est clair et que nous pourrions nous passer de symptômes désagréables pour comprendre que la situation mérite notre attention. Mais non ! Notre ADN cro-magnonesque en décide autrement et continue de nous alerter de manière si intense.
Nous discutions de ce thème avec l’un de nos clients en réalisant, avec un peu d’amertume, le nombre de décisions privées ou professionnelles que nous prenons ou ne prenons pas sous le coup de la peur ou, encore pire, en l’anticipant. Nous nous faisions la réflexion également que manager une équipe se résumait parfois à gérer les craintes de ses collègues.
Vaste sujet donc qui, dans notre métier de recruteur, prend parfois des formes surprenantes. Par exemple, le choix d’accepter ou non une offre d’emploi. Quels sont les réels éléments de motivation derrière un choix de carrière, derrière le choix de quitter une organisation ou d’en rejoindre une autre ?
Loin de nous l’idée d’impliquer un psychanalyste dans un processus de recrutement, les interlocuteurs sont déjà souvent bien trop nombreux. Mais prendre le temps d’une respiration, d’une « légère » introspection pourrait s’avérer utile, tout du moins intéressant.
Ceci est également vrai lorsqu’une entreprise doit choisir de faire une offre à son/sa futur(e) collaborateur(trice). Ce choix est-il toujours fondé sur des éléments de compétences et de personnalité ? Est-il imaginable que d’autres critères, moins avouables, entrent en ligne de compte ?
Il est toujours dit que le courage est de surmonter ses peurs, mais ne serait-il pas aussi, dans un premier temps, d’essayer de les comprendre ?