Article qui sera publié le jeudi 20 juin dans le 24 heures et vendredi 21 juin dans la Tribune de Genève
Enfin vendredi ! Comment ça va ? Eh bien… comme un lundi. Combien de fois avons-nous entendu ces phrases ? Si tel est le cas, permettez-nous de vous donner un conseil : changez de poste et/ou prenez de la distance avec vos collègues.
Quelle sorte de vie menons-nous si nous considérons les quelque 150 jours de congé (week-ends, vacances et jours fériés en Suisse) comme la seule vie ? Et les 215 autres jours ? Une galère ? Une punition ? Une souffrance ?
Nous ne pouvons appeler cela une vie. Alors que pour la plupart des gens dans le monde, exerçant un emploi peu qualifié, les choix sont souvent limités, dans notre pays, que ce soit dans la fonction publique ou dans une entreprise privée, des alternatives existent.
Nous vivons une période historique très particulière. La pandémie de Covid-19 nous a rendu attentifs à la finitude de la vie et nous a ouvert des opportunités de travail à distance, notamment les vendredis et les jours de pont entre un jour férié et un week-end. Ce n’est pas un phénomène générationnel, mais situationnel. Cela concerne de manière transversale des personnes de différentes générations : Y, Z, Alpha.
La valeur du « travail » a perdu quelques positions dans l’échelle des priorités. Pour nos parents, souvent, le travail était simplement la raison de vivre, un moyen de revanche sociale (pensons aux migrants des années 60-70), un outil pour façonner le monde ou laisser une trace derrière soi.
Aujourd’hui, pour beaucoup (heureusement pas pour tous), le travail représente environ 215 jours par an, un temps à minimiser tout en maximisant les gains. Prendre sans donner. Ou donner peu et prendre beaucoup.
Nous n’émettons aucun jugement éthique ou moral sur le sujet du sens que chaque individu veut donner au « travail ». Peut-être que faire de son travail La raison de vivre n’est pas non plus sain. Chaque personne doit avoir la liberté d’accorder sa propre priorité et son sens au travail. Nous affirmons simplement qu’il y a une tendance claire à la baisse de cette valeur dans l’échelle des priorités. Ne soyons donc pas surpris si les entreprises investissent dans l’intelligence artificielle pour augmenter la productivité, ou dans l’externalisation vers des pays où le travail est encore important, voire nécessaire.
Dans notre activité de recherche de cadres et de dirigeants, nous constatons comment cette tendance impacte négativement leur quotidien, et comment être un bon leader a changé et est souvent devenu plus difficile. Mais de cela, nous discuterons une autre fois.
Pour l’instant, nous vous invitons à vivre ces 215 jours comme une source d’épanouissement et de joie. La retraite n’est pas une ligne d’arrivée, mais une échéance pour bénéficier d’un puissant outil, le Travail, pour laisser une trace et rendre le monde meilleur. Tout en prenant du plaisir !