L’actualité de ce début d’année telle qu’elle nous parvient de l’autre côté de l’Atlantique ressemble trop souvent à un triste inventaire à la Prévert de décrets et décisions unilatérales et autoritaires, tendant à confondre vitesse et précipitation et donnant à penser que la rapidité et la fermeté seraient les seules vertus du leadership. Un sévère retour de bâton pour les leaders ayant expérimenté la force du collectif et peut-être spécialement pour les Suisses pour qui la vie de la collectivité, le fonctionnement des institutions politiques et bien souvent la dynamique même des organisations, sont absolument indissociables de la culture du consensus.
Dans un monde où le passage en force d’un seul homme peut prévaloir aux destins de milliers d’autres, il nous semble clef de réaffirmer la puissance du consensus – dans la sphère sociale comme au sein des organisations. La recherche du consensus est une force, permettant d’intégrer les perspectives variées et d’assurer une meilleure acceptation des décisions. Toutefois, lors des processus de recrutement de cadres dirigeants ou d’administrateurs que nous menons pour le compte de nos clients, nous constatons trop souvent que le consensus s’apparente parfois à une uniformité molle, à un compromis stérile.

Un consensus fertile implique un véritable débat, un affrontement d’idées, une confrontation constructive des points de vue. Et pour cela, il faut du courage. Du courage pour exprimer une opinion tranchée, défendre une vision, challenger l’existant, y compris face à des résistances ou oppositions marquées. Du courage pour ne pas céder à l’autocensure. Du courage, il en faut également pour reconnaître la validité du point de vue opposé et ajuster sa position en conséquence, sans perdre de vue l’objectif final et pour s’engager à gérer les tensions éventuelles générées par le débat.
Dans un monde où l’incertitude est devenue la norme, il est tentant d’édulcorer les messages, de repousser les décisions inconfortables. Pourtant, un manager ou un dirigeant sans courage devient rapidement un gestionnaire du statu quo, un maître de l’évitement, et son entreprise s’essouffle. Redonnons tout son sens au consensus, afin de lui redonner toute sa puissance : avoir le courage du débat d’idées, le courage d’être en désaccord, le courage de reconnaître ses erreurs, d’accepter la critique, le courage de ses opinions. La recherche du consensus n’est pas une option, mais la fondation d’un leadership respecté.
Alors, chers dirigeants, face à l’expression d’un leadership autoritaire et unilatéral, ayons le courage de défendre une alternative ; celle d’un consensus construit et fort.