Article publié dans le Bilan Opinions du 8 juillet 2025
Prenons deux personnes (ou deux candidats à une position) qui ont atteint un niveau comparable de « succès » dans la vie. Peu importe comment on le définit (thème très subjectif et strictement personnel) : richesse matérielle, statut professionnel, pouvoir, influence sur son environnement, réseau, fondation d’une famille, accomplissement personnel, ou la chance de vivre de ses passions. Le point d’arrivée semble identique, mais le point de départ, lui, ne l’est presque jamais.
Un homme blanc de 55-65 ans, né dans un pays riche comme la Suisse au sein d’une bonne famille, dans les bonnes années – celles de la croissance des Trente Glorieuses, des diplômes valorisés, de l’emploi pour tous – n’aura pas emprunté le même chemin qu’une personne née ailleurs, à une autre époque, sans filet de sécurité, sans réseau, parfois sans papiers. Celle-ci aura peut-être dû quitter son pays, affronter les obstacles d’une langue, d’un système, d’un regard, prendre des risques pour survivre d’abord, s’intégrer, réussir ensuite.
Ce que l’on appelle l’ascenseur social existe encore, mais il est lent, exigeant, souvent capricieux. Et lorsqu’il fonctionne, il ne laisse personne indemne. Il forme, transforme, forge.
Chez Ganci Partners, en tant que consultants en executive search, nous sommes très attentifs à la manière dont les trajectoires de vie influencent les compétences, la résilience et le leadership. Deux CV peuvent sembler identiques. Mais lorsqu’on prend le temps d’écouter les histoires, de comprendre ce qui a été traversé, abandonné, risqué, on découvre des écarts profonds.

Le chemin parcouru compte autant que le résultat. Et, à parité de résultat, la personne qui a parcouru le chemin le plus long, le plus difficile et le plus fatigant est souvent la meilleure. Car cela révèle quelque chose de fondamental : la capacité d’une personne à faire face à l’adversité, à se réinventer, à rebondir, à se battre. Cette énergie-là, pas toujours visible sur un diplôme ou un titre, est souvent l’un des meilleurs indicateurs de la performance future qu’un parcours trop linéaire et aisé.
Dans nos métiers, valoriser ces chemins de succès moins évidents, ces détours pleins d’effort et de courage, c’est ouvrir la voie à un leadership plus riche, plus humain, plus ancré dans la réalité du monde. Et c’est, à notre manière, contribuer à ce que l’ascenseur social ne reste pas bloqué à l’étage du privilège.