L’humanité et le travail ont toujours évolué. Si la force physique dominait les premières économies, elle a laissé graduellement place à la puissance intellectuelle au point qu’aujourd’hui, dans une économie façonnée par la technologie et le savoir, le cerveau, l’intelligence humaine et artificielle sont au centre de la création de valeur. Les 5 plus grandes sociétés par capitalisation dans le monde (Apple, Nvidia, Microsoft, Alphabet, Amazon) sont principalement fondées sur l’intelligence (artificielle) et sur la propriété intellectuelle.
Mais l’avenir du travail pourrait bien se construire autour du cœur. Cela fait environ 20 ans que j’ai un profil LinkedIn et autant d’années que les gens me demandent si le domaine du recrutement n’est pas en train de disparaître grâce à cette technologie. La même question peut se poser dans le domaine de la gestion de fortune, pour la sélection des meilleures actions, le domaine légal et bien d’autres services. En réalité, bien que l’IA excelle dans l’analyse de données et l’automatisation de tâches, elle montre ses limites face à l’imprévisible et à l’émotionnel.
Prenons l’exemple de la sélection d’actions boursières. En janvier 2024, la RTS a demandé à ChatGPT et à Bing de sélectionner les titres suisses les plus prometteurs. Résultat : les choix de l’IA ont généré un rendement moyen de seulement +2%, bien loin des performances humaines. Les meilleurs fonds gérés par des analystes expérimentés ont affiché des progressions supérieures à 10%. Selon les analystes, l’humain dispose d’un “feeling” et d’une intuition qui échappent aux machines et les marchés boursiers (comme les personnes) peuvent être irrationnels, une caractéristique que l’IA a beaucoup de mal à modéliser.
C’est précisément cette capacité humaine à lire les émotions (et à les susciter !) à comprendre l’irrationnel et à établir des connexions authentiques qui distingue encore les humains des machines. Les choix émotionnels sont au cœur de nos interactions : acheter un produit, faire confiance à un service ou collaborer avec d’autres personnes repose souvent sur des facteurs intangibles. L’authenticité, ce plaisir unique qui émane des relations humaines sincères, reste hors de portée des algorithmes.
Alors que la technologie tend à tout rationaliser, le cœur pourrait devenir le moteur d’un travail plus humain et significatif. Construire ensemble, partager la joie d’une réussite commune, innover avec sens et agir dans l’intérêt collectif : voilà les bases d’un futur où l’émotion et l’authenticité seront célébrées comme les richesses essentielles de l’humanité.
