Alors que plusieurs sociétés multinationales envisagent une délocalisation vers des cieux économiquement plus cléments, et que certaines organisations internationales annoncent des coupes dans les salaires de leurs collaborateurs, nous remarquons que les entreprises dites « familiales » voient leur attractivité d’employeur augmenter.
C’est à la fois la loi de l’offre et de la demande qui est ici en jeu, mais certainement aussi l’intérêt que suscitent des structures plus locales, dont les produits et services sont à la fois sophistiqués et concrets, attirant ainsi des personnes dont la vie professionnelle dans des entreprises internationales plus complexes a perdu un peu de sens et de finalité.
Réussir le passage d’une entreprise multinationale à une entreprise familiale nécessite la compréhension de certains traits de leur culture.
L’entreprise familiale est un modèle d’organisation caractérisé par l’appartenance à un nombre restreint d’actionnaires qui, souvent, prennent les décisions stratégiques et qui, souvent aussi, participent à la gestion opérationnelle de la société. Ces personnes, actives ou passives dans la société, sont liées entre elles par des relations familiales qui sont, en général, très fortes. Pour n’en citer que quelques-unes : le groupe Swatch, Chopard, Kudelski, Bobst, sont des exemples d’entreprises familiales à succès en Suisse, mais la majorité, qui a au moins autant de succès, est quasi inconnue du grand public.
Ce qui caractérise les entreprises familiales c’est l’attachement à la confiance et à la qualité des relations avec leurs collaborateurs. Autrement dit, ce ne sont pas tant les compétences techniques que le bon équilibre entre l’être, le savoir et le savoir-être que privilégient ces employeurs. Même avec plus de mille employés, la famille, l’appartenance et l’engagement ne sont pas des notions vides de sens.
Les entreprises familiales se démarquent également par leur flexibilité et leur capacité à décider rapidement grâce à une chaîne décisionnelle très courte.
Souvent moins sujettes à des tensions de politique interne mais disposant aussi de ressources limitées, la créativité est un élément clé de leur succès : faire très bien avec, proportionnellement, très peu.
La compréhension et l’intégration de ces caractéristiques culturelles est, à notre avis, la clé pour tous ceux qui souhaitent intégrer une société familiale. Des compétences techniques pointues, des diplômes et des titres pompeux, un parcours professionnel sans faute, ne seront jamais suffisants pour être engagé et pour intégrer avec succès une entreprise familiale. La capacité à prendre des risques au niveau personnel (par exemple renoncer à son précédent salaire de multinationale), à se remettre en question, à prendre des décisions créatives mais efficaces, à créer des relations de confiance avec les propriétaires (et non pas à maîtriser les jeux politiques typiques des multinationales) est cruciale pour la bonne réussite de l’exercice.