Voici une liste de grandes entreprises actives en Suisse. Qu’est-ce qui relie ces sociétés entre elles à votre avis ?
UBS
Google
Nestlé
Crédit Suisse
PwC (PricewaterhouseCoopers)
Leur chiffre d’affaire, les 5 plus gros de Suisse ? Leur capitalisation boursière (les initiés auront compris que cette réponse-là est fausse) ? Le nombre d’employés ? Si vous n’avez pas, en ces périodes estivales, suivi l’actualité de près, il s’agit de la liste des 5 employeurs (sur une liste de 100) les plus ‘recherchés’ pas les diplômés suisses[1].
A l’ère de la promotion énergique de l’entrepreneuriat par des instances gouvernementales, le soutien et l’encouragement moral et financier à l’indépendance professionnelle et un certain ‘lavage de cerveau’ sur la fin de l’emploi tel qu’on le connaît, cette liste peut surprendre. Il est vrai aussi que l’on n’a pas demandé aux interrogés s’ils comptaient lancer leur propre entreprise ou rejoindre une start-up. Malgré ce caveat, il est intéressant de se poser la question : pourquoi cette liste comprend avant tout des noms connus, du moins dans les milieux économiques, plutôt que seulement des entreprises à succès de toute taille (nombre des entreprises de la liste ont du succès mais certaines sont affligées de tels problèmes structurels et conjoncturels qu’il est difficile d’argumenter que la ‘sécurité’ de l’emploi soit un argument recevable pour un employé potentiel). Pourquoi cette liste ressemble-t-elle plus à une énumération d’entreprises connues et reconnues, celles dont on parle dans la presse et dans les cercles d’acteurs économiques habituels mais aussi dans le grand public pour la plupart ? Bad breath is better than no breath comme dit si justement l’un de mes amis. Peut-être la réponse est-elle simplement là. Ces entreprises sont connues et recherchées comme employeur par les jeunes gradués parce qu’elles sont… connues et recherchées ! Ce n’est pas forcément leurs qualités intrinsèques, qu’elles en aient ou non, tel n’est pas le propos, qui en font des employeurs de choix, mais ce que nous appellerons leur ‘rente de situation’, leur classement en tête de la liste. Absurde me direz-vous ? Peut-être, certainement même. Mais je défie quiconque qui n’ait jamais acheté un produit et, devant l’insécurité provoquée par les alternatives multiples, se soit rabattu sur la marque connue par manque de temps et d’envie de faire une mini-étude comparative en bonne et due forme.
Ce qui nous ramène au conseil suivant : si vous recherchez un nouvel emploi, que vous soyez jeune gradué ou moins jeune, commencez par la fin de la liste, la probabilité est forte qu’il y ait moins de concurrence et qui sait, la société sera même plus florissante.
Et rendons à César ce qui lui appartient : nos gradués ont quand même de la lucidité et un esprit critique, certaines des entreprises classées ont dégringolé du classement si elles n’ont pas trop été malmenées ces derniers temps : Volkswagen a perdu 30 places en passant de la 33e à la 63e !
[1 ]Étude réalisée par Trendence (trendence.com) entre septembre 2015 et février 2016, échantillon de 1800 étudiants ‘Business’ (ne comprend pas les ingénieurs et autres études techniques et scientifiques).