Plaisir et Sens

Les personnes que nous côtoyons quotidiennement, que l’initiative de la prise de contact vienne d’elles ou de nous dans une démarche proactive, ont ceci en commun : elles sont prêtes à considérer un changement d’emploi. Notre première question dans un entretien est : pourquoi ? Pourquoi voulez-vous changer de poste, de fonction, d’employeur, de collègues, alors que vous avez investi beaucoup de temps et d’énergie dans la construction de votre cadre professionnel ? Les réponses sont, ce qui n’est pas surprenant, aussi diverses que les personnes qui déposent une candidature : je n’ai pas de possibilité de promotion, je ne gagne pas assez, j’ai fait le tour de mon job, mes collègues/mon boss sont insupportables, l’industrie dans laquelle j’exerce ne me convient pas ou plus, j’ai envie de changement, je n’ai plus de motivation, je veux m’approcher géographiquement de mon domicile, je voyage trop ou pas assez, la liste est infinie ! Nous avons dans la majorité des cas droit à une combinaison de ces réponses. À y regarder de plus près, ces raisons, même si elles semblent chacune avoir un fondement propre, relèvent toutes de deux manques : celui du plaisir à ce que l’on fait et celui du sens de ce que l’on fait.

Que cela signifie-t-il pour nous toutes et tous dans le choix, et le changement, d’activité professionnelle ? Tout d’abord, que plaisir et sens doivent coexister dans notre quotidien au travail. Si l’un des deux éléments disparaît, le déséquilibre mène tôt ou tard à remettre en question son job. Que peut-on y faire ? Contrairement à ce que certains de nos candidates et candidats pensent, nous avons pas mal de cartes à jouer, à commencer par essayer de décortiquer ces mécanismes de base.

Le plaisir fait partie du temps court, il est le domaine de notre quotidien au travail. Il est (ré)-généré par les petites choses : le trajet, le café avec les collègues, les bureaux et le cadre, mais avant tout, parce que l’on fait, pratiquement, tous les jours : écrire, classer, discuter, débattre, stratégiser, peu importe, mais il est important que la réalité de notre métier nous plaise la plupart du temps et provoque assez de plaisir pour minimiser le déplaisir engendré par les activités qui nous intéressent moins. Cela signifie, comme nous ne le voyons que trop souvent, que nous acceptons un poste parce qu’il représente ce que nous pensons être bien pour nous ou pensons aimer faire (ou parce qu’il correspond à nos études, notre ambition, l’ambition de notre cercle, ou d’autres attentes externes, souvent financières). Nous intellectualisons le plaisir au lieu de le vivre. Et cela ne dure jamais très longtemps. Permettez une analogie avec la vie de couple : ce n’est pas l’amour qui lie les personnes, c’est le plaisir banal qu’elles se donnent au quotidien. Ce sont les petites choses de la vie génératrices de plaisir qui créent l’amour, et non l’inverse.

Le sens lui fait partie du temps long : il donne la direction, la finalité, le cadre. Il est tout aussi important que le plaisir mais se relativise mieux. Le sens est donné par l’industrie, la fonction, l’utilité de notre activité, les perspectives de développement professionnel et personnel. Pour certaines et certains, le sens peut être suffisant et permet « d’avaler des couleuvres » au quotidien. Cette souffrance peut elle-même être porteuse de sens quand la finalité est grande : pensez à des personnes actives dans l’humanitaire qui exercent leur professions dans des conditions…inhumaines. Ce genre d’exception mise à part, nous avons pour la plupart d’entre nous besoin d’un équilibre sain entre ces deux axes pour nous épanouir dans notre quotidien professionnel : un plaisir de tous les jours qui s’inscrit dans une réflexion et une vision à plus long terme. Cessez donc de vous poser la question de savoir si vous êtes heureux×se au travail, observez-vous. Vous verrez que la réponse est assez simple.

Note : pour ceux qui souhaitent poursuivre le sujet, Happiness by DesignPaul Dolan, Random House N.Y., EAN13: 9780147516305, 256 pages, parution: juillet 2015

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