Nous autres, humbles êtres humains mortels, avons une tendance parfois autodestructive à rechercher la perfection : dans le monde du travail, dans le sport, dans le rapport du couple, comme parents, même dans notre rapport à notre propre corps. Les médias, et surtout les réseaux sociaux, se font largement les porte-paroles (et -images) de cette quête frénétique vers le mieux, le meilleur, le plus beau, le parfait.
Cette frénésie fait-elle vraiment partie de notre nature humaine ? La nature, elle, recherche beaucoup plus le compromis, l’optimal plus que le maximal. Les organismes vivants (dont nous faisons évidemment partie), se sont adaptés, et s’adaptent continuellement, à des environnements en évolution. La nature cherche à optimiser ce qu’elle a, sans aller dans l’excès. La raison en est toute simple : les êtres vivants doivent être capables de confronter des situations différentes, contradictoires même. Les animaux à fourrure supportent de grands froids, mais quand vient l’été, ils doivent aussi être capables de supporter la chaleur. Si la nature les avait rendus imperméables au froid, ils n’auraient pas survécu un été (et ceux qui l’étaient ne sont plus là pour en témoigner). L’augmentation de la compétence et des propriétés dans un domaine évolue toujours au détriment d’un autre domaine : vitesse versus force, endurance versus vitesse, etc.
Un tabou est en train de tomber dans le monde du travail : nous sentons chez nos candidats une recherche d’équilibre de vie, entre le professionnel, la famille, l’apprentissage et le social. Chez les clients aussi, le « savoir-être » devient de plus en plus important, même pour des métiers a prioritechniques qui ne requièrent pas de compétences sociales. Les employés comme les employeurs visent à équilibrer la charge de travail avec la « charge de la vie ». Mais, comme dans bien des domaines, nous, êtres humains, avons quelque peu perdu le sens de la mesure. Ce qui est regrettable est que nous observons aussi le début de la recherche de la perfection dans la recherche même de l’équilibre ! Cela se manifeste par une intransigeance face aux demandes de la vie professionnelle : un manque de souplesse, une inadéquation à la culture et aux valeurs de l’entreprise employeuse, une dogmatisation de la vie idéale. La vie, professionnelle en particulier, demande des compromis. Il faut aussi saisir l’opportunité quand elle se présente, quitte à faire des sacrifices, comme dans la nature.
Alors peut-être la perfection n’est-elle pas le mieux dans un domaine donné, mais le meilleur arbitrage entre les différents tiraillements qu’occasionnent inévitablement la vie personnelle et professionnelle.