« Le pouvoir n’épuise que ceux qui ne l’exercent pas », disait Charles Maurice de Talleyrand. En effet, de nos jours, être au sommet dans notre vie professionnelle, mais aussi s’épanouir entre amis ou dans une histoire d’amour nous rendrait plus heureux. C’est du moins la conclusion d’une étude publiée dans la revue « Psychological Science« , effectuée par une équipe de scientifiques israéliens de l’Université de Tel-Aviv.
Cette recherche donne un coup de massue au mythe du puissant dirigeant solitaire et épuisé sur le toit du monde, qui a alimenté l’imagination collective pendant des siècles. Un stéréotype non fondé, selon les chercheurs. Celui qui a le pouvoir ne se noie pas dans la solitude et la tristesse. Bien au contraire. Pour étayer cette thèse, les scientifiques ont examiné les résultats de certaines expériences. Dans l’une d’entre elles, 350 personnes ont été interrogées pour déterminer si le sentiment de pouvoir était associé au bien-être personnel dans différents contextes, comme le travail ou les relations interpersonnelles. Résultat ? Ceux qui sont plus puissants ont tendance à être plus heureux.
Notre quotidien nous met à disposition une excellente plateforme pour observer comment les personnes exercent leur pouvoir. Nous côtoyons des centaines de cadres et dirigeants chaque année. En règle générale, nous confirmons le résultat de l’étude précitée : les personnes qui ont du pouvoir sont généralement à l’aise avec eux-mêmes et avec d’autres personnes. Conscients d’en avoir et reconnus par leurs qualités et leurs mérites à l’interne comme à l’externe de leur organisation, ils ne s’affolent pas dans de ridicules manifestations de pouvoir. En d’autres mots, ils n’ont rien à prouver et sont plus authentiques.
Au contraire, ceux qui n’ont pas une véritable position de pouvoir ou qui se sentent négligés, peu appréciés, ni reconnus, feront en général tout leur possible pour manifester cela au quotidien. La frustration de leur situation se transformera très probablement par de l’arrogance et de l’agressivité. Comme ils ne peuvent grandir d’eux-mêmes, leur survie dans l’entreprise dépend de leur capacité à décrédibiliser d’autres collègues ou partenaires externes.
Nous rencontrons fréquemment des dirigeants à la tête d’entreprises reconnues ou ayant fondé leurs propres entreprises avec succès, ayant enregistré des brevets innovants et fait la couverture de magazines reconnus. Sans trop d’étonnement, ces personnes dégagent une sérénité, une authenticité et communiquent une énergie positive. Elles sont ouvertes, curieuses et disponibles. L’arrogance et la frustration sont des traits très rares pour ces personnalités. Leurs qualités sont reconnues et appréciées. Il n’y a donc pas nécessité d’en faire davantage.
En revanche, il nous arrive souvent d’observer des professionnels occupant des positions moins élevées dans la hiérarchie d’une organisation, qui tiennent à justifier leur rôle en exerçant un ersatz de pouvoir afin qu’ils soient remarqués et reconnus comme une « personne pouvant décider ». Malheureusement, l’image dégagée est naturellement bien différente des intentions initiales.
Les résultats de cette étude et de nos observations au quotidien convergent : être puissant conduit à se sentir plus fidèle à soi-même. Et vivre une vie authentique, à son tour, augmente le bien-être et le bonheur.