Cet article fait écho à mon billet du 10 janvier dernier (EuroMillions et bye-bye patron ?) dans lequel je parlais du (faux) espoir de se libérer du travail grâce à un éventuel (et peu probable) gros gain à la loterie.
L’heure est venue de tordre le cou à ce fameux mythe qui consiste à penser que se mettre à son compte permettra de se libérer de la routine du quotidien, de la pression de l’entreprise, des objectifs à atteindre, des « KPIs » et des horaires à respecter. Finies les obligations et les contraintes ! Place désormais à la liberté, la flexibilité, au choix des horaires et des vacances, ainsi qu’à une meilleure qualité de vie. La réalité est, dans la plupart des cas, tout autre.
Devenir son propre patron devrait tout d’abord être un acte de création, une opportunité dont l’objectif pour l’initiateur (l’entrepreneur ou l’indépendant) est de réaliser un projet en en devenant le personnage principal, pendant un certain temps ou pour le reste de sa vie. Cela crée des passions, de l’engouement pour un projet où l’on investit toutes ses ressources afin que celui-ci se réalise et soit couronné de succès. Dans cette perspective, la quête d’un meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle s’éloigne petit à petit.
Comme tout acte de création, cette aventure commence par un acte de destruction. Terminés les routines, les rapports, les réunions, les objectifs à atteindre, mais aussi la sécurité, le soutien, les moyens à disposition, les vacances payées, le logo de l’entreprise de renom qui crédibilise une carte de visite. Il faut tout réinventer avec, très souvent, moins de ressources.
Cela se traduit par un effort et une quantité de travail souvent bien plus élevée pour survivre et « se faire une place ». Tel un avion en phase de décollage, l’énergie requise est élevée et, une fois l’altitude de croisière atteinte, il faut tout faire pour y rester. Pour un entrepreneur, son souhait de créer une structure le poussera à investir dans de nouvelles ressources, employer toute son énergie pour transmettre son savoir et accompagner de nouveaux collègues dans cette mission, et ce, sans que la qualité perçue par les clients en pâtisse. Pour un indépendant (i.e. un entrepreneur sans entreprise), cela veut dire rester personnellement et en tout temps performant pour satisfaire et retenir ses clients, gérer une charge de travail souvent irrégulière (parfois trop, parfois pas assez), sans pouvoir déléguer quoi que ce soit à qui que ce soit.
Se lancer dans la voie de l’indépendance est, à notre avis, une décision louable et courageuse. Mais à aucun moment, ce n’est une solution pour mener une vie plus facile et équilibrée. Sacrifices, efforts et longues journées (parfois quelques nuits blanches de travail) demeurent nécessaires au succès de la mission. Mais si la passion y est, l’épanouissement est garanti. L’entrepreneuriat représente la joie de la création, d’un travail dans lequel nous pouvons trouver du sens ainsi que mettre à profit nos idées et nos initiatives à la première personne.
