Le titre de CEO, Chief Executive Officer, est une expression anglo-saxonne désignant la personne la plus importante dans les échelons hiérarchiques d’une entreprise (et qui n’est, paradoxalement, pas nécessairement la personne la plus essentielle d’une société).
Théoriquement, une personne peut donc être CEO d’une société du SMI, capitalisant plusieurs milliards, ou de sa propre raison individuelle. Elle peut gagner plusieurs millions par année, gérer des dizaines de milliers de collaborateurs, effectuer des déplacements en hélicoptère au quotidien ou, dans le deuxième cas, ne gérer qu’une poignée de collègues et mener une vie que l’on définirait de « normale ».
Nous avons toujours la tentation d’un sourire affable et bienveillant à chaque fois que nous recevons le CV ou la carte de visite d’une personne s’attribuant un titre grandiloquent, comme celui de CEO, alors qu’elle opère dans une petite structure à la complexité limitée. Ceci peut-être tout simplement parce que la filmographie américaine nous fait associer ce titre au pouvoir, à la richesse et à de très lourdes responsabilités.
En réalité, le vrai thème de notre modeste chronique est celui de l’ego et de la perception de soi. Nous assistons souvent à des négociations entre employeurs et employé·e·s, non pas autour d’un périmètre de responsabilités, d’un projet d’envergure à mener, d’un niveau de rémunération, mais au sujet du titre du poste. Nous recevons des demandes de conseil de la part de candidat·e·s à propos du titre à accepter ou refuser et de l’impact que ce titre aura sur leur carrière.
L’exemple du CEO ci-dessus est une démonstration que le titre au fond ne nous dit pas grand-chose s’il n’est pas associé à des responsabilités et des défis. Nous sommes témoins au quotidien de situations où des titres moins ronflants et « cools » cachent en réalité des compétences et responsabilités plus larges. C’est le cas du CEO d’une raison individuelle contre le « simple » titre de Directeur·trice d’une PME de 200 personnes qui fabrique des produits complexes et mondialement reconnus.
En réalité, un titre pompeux cache souvent un manque de confiance, une envie d’être valorisé à juste titre ou une ambition. Les réseaux sociaux sont truffés de personnes aux appellations retentissantes, mais sans réelle substance. Plutôt que de les critiquer, nous préférons approfondir, comprendre et, dans certains cas, justifier.
En règle générale, il vaut mieux rester humble, laisser aux autres la responsabilité de pondérer et reconnaitre notre valeur et nos responsabilités et, pour utiliser une expression locale, les « surprendre en bien ». Se battre avec son nouvel employeur pour un simple titre n’est pas un conseil judicieux que nous donnerions. A contrario, il vaut mieux se battre pour obtenir des responsabilités que l’on sait pouvoir assumer ou des projets que l’on a à cœur et qui nous passionnent. Le reste n’est qu’un simple signe de nos insécurités et frustrations que l’on cherche à combler. Préférons la substance à la forme, le contenu au contenant, la vraie vie aux apparences.