« Votre candidat était bien, bon parcours, mais nous n’allons pas poursuivre la discussion, d’ailleurs il n’a posé aucune question ». Voici le retour trop fréquent que nous entendons de la part de nos clients après un entretien avec l’un de nos candidats. Et dans ce cas, nous sommes très déçus et même fâchés. D’abord pour le candidat qui, parce que nous l’avons envoyé chez notre client, était un bon candidat avec les compétences, l’expérience et la personnalité requises pour le poste à pourvoir. Il a donc raté une belle opportunité. Pour nous ensuite parce que nous préparons nos candidats aux entretiens et leur expliquons avec moult exemples l’importance de poser des questions.
Reprenons. Le client a mentionné dans son retour « (…) il n’a pas posé de questions (…) » et en a déduit, plus ou moins consciemment, de nombreux éléments à propos du candidat. Pourquoi la question est-elle si importante ? La question pendant les entretiens sert de nombreux objectifs. D’abord elle démontre que vous, le candidat, êtes préparé à l’entretien, que vous avez réfléchi à l’entreprise, au poste, à l’environnement, aux collègues.
Il y a ensuite la démonstration de l’intérêt et de la curiosité non seulement pour l’entreprise et le poste, mais aussi pour la personne en face : les questions peuvent être plus personnelles (par exemple : « qu’est-ce que vous aimez, Madame l’intervieweur, dans votre entreprise ? »). La curiosité est un élément fondamental du progrès, c’est grâce à elle que l’être humain, bon an mal an, a atteint son stade de développement. La curiosité engendre des recherches, des réponses, et de nouvelles questions. C’est littéralement ce qui fait avancer le monde. Elle démontre la soif d’apprendre.
La question démontre le processus de réflexion d’un candidat : il est une personne qui veut des données avant de prendre une décision. Aimeriez-vous un collaborateur qui prend des décisions sans se renseigner auparavant ? Il lui faut des données, des faits et fort de ceci, il pourra avancer.
La question est un signe d’humilité, une démonstration que je ne sais pas mais que je souhaite savoir, c’est Socrate sans la philosophie : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». D’un point de vue de la personnalité, c’est un signe certain que la personne, si elle en dirige d’autres, sera à l’écoute et ne prendra pas de décision arbitraire.
La question fait réfléchir l’interlocuteur. Il doit réfléchir à la réponse, justifier sa réponse et ses affirmations : c’est donc un exercice utile de mise en cause de ses croyances ou préjugés, deux éléments fondamentaux dans la conduite d’entreprise.
Bien entendu, on peut exagérer aussi : l’important pour le questionneur est d’écouter la réponse, ce qui n’est pas toujours le cas.
Le questionnement et sa qualité sont donc des fenêtres essentielles dans la connaissance de quelqu’un et un reflet de son intelligence et de sa capacité à traiter de l’information.
Que préférez-vous, quelqu’un qui affirme être ouvert, intéressé et curieux ou une personne qui n’affirme rien mais qui pose des questions et démontre donc pratiquement et concrètement posséder ces qualités ?
PS : il y a certaines questions qu’on ne pose pas, surtout au premier entretien, et elles concernent les conditions contractuelles.