Une affiche publicitaire annonçant un jackpot à gagner au loto, devant la devanture d’un kiosque à Lausanne, a attiré mon attention. Elle faisait miroiter à l’heureux gagnant la perspective de quitter son travail : «EuroMillions. Bye-bye patron !».
Et moi, me suis-je dit, que ferais-je si je gagnais et pouvais arrêter de travailler ? Ma réflexion m’a d’abord amené aux personnes que nous côtoyons quotidiennement et qui œuvrent chaque jour avec professionnalisme et passion, bien que pour beaucoup leurs besoins matériels soient couverts par le résultat d’une carrière remplie. Certains d’entre eux me parlent de retraite mais, paradoxalement, travaillent d’arrache-pied tous les jours, arrivent au bureau les premiers et partent bien après leur plus zélé collaborateur ! Si ce n’est plus une question d’argent, de frigo à remplir et de factures à régler en fin de mois, pourquoi travaille-t-on ?
Même si pour beaucoup le but du travail représente avant tout le moyen d’assurer sa subsistance et quitter cette course effrénée vers le succès pour profiter de la vie, nous ne sommes en réalité pas faits pour passer nos journées devant la télévision ou sur une plage à siroter des cocktails.
Nous tous avons besoin d’un sens, d’un but, d’un objectif. Le travail est l’un des moyens, certes pas le seul, qui réponde à ce besoin. Notre contribution par le travail nous permet de nous sentir utiles, appréciés et valorisés. Il donne donc un sens à ce que nous faisons, au-delà du salaire : ce n’est pas pour rien que nous choisissons des métiers d’après nos goûts et aptitudes, et rarement en fonction de ce qu’il rapporte en termes pécuniaires.
Que vous soyez peintre, pâtissier ou patron, donner le meilleur de soi-même chaque jour, pour satisfaire les attentes de vos collègues ou clients, amène de la satisfaction et génère un sentiment d’accomplissement. L’être humain est aussi un animal grégaire, qui a besoin des autres, d’être entouré et d’échanger. Donner, recevoir, interagir, former ou apprendre des autres sont des activités indispensables au bien-être de la plupart d’entre nous. Le travail et le milieu professionnel donnent la possibilité de se créer une sphère sociale, des liens et de partager le quotidien avec d’autres personnes.
Il nous semble donc impossible d’expliquer l’attachement au travail par l’unique nécessité de satisfaire un besoin matériel, même indispensable. Nous sommes faits pour travailler, pour créer quelque chose autour de nous, qui laissera, ou non, une trace. Nous contribuons à la transformation du monde.
Tiré de ma rêvasserie, je me dis que le pire qui pourrait m’arriver serait de ne pas savoir que faire de mes journées, sans structure ou rapport social, assis sur le tas d’or gagné à l’EuroMillions. Pour rien au monde, je n’échangerais ma vie dans laquelle je m’accomplis contre une fortune !